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dimanche 19 décembre 2010

Contes carnivores [Bernard Quiriny] éditions "Points" en Partenariat avec Blogobook

Ces nouvelles de Bernard Quiriny sont bien plus qu'étonnantes ! Dès la préface de celui qui se fait appeler Enrique Vila-Matas, le lecteur détecte ce petit décalage qui se poursuit tout au long du livre, tout comme il apparaît dans les citations du début du livre. Le raisonnement de l'auteur de la préface sont absurdes et font sourires, les courtes histoires sont plus loufoques et étranges les unes que les autres. "Sanguine", la première nouvelle, nous met de suite dans l'ambiance du livre. L'écriture pourrait être qualifiée d'efficace puisque j'ai eu l'impression qu'il n'y avait pas d'éléments superflus, de trop, inutiles et ennuyeux (ce que l'on peut, au contraire de la nouvelle, retrouver dans les romans où les descriptions sont abondantes). Les nouvelles sont vivantes, mouvementées. L'accroche est bien maîtrisée et l'on entre rapidement dans chaque nouvelle intrigue. Bernard Quiriny manipule les "instruments" qui participent au suspense avec brio. Le lecteur tente de découvrir, en même temps que le personnage, ce qu'on lui cache.  Il cherche à trouver la pièce manquante du puzzle, résoudre l'énigme, en quelque sorte. Il est presque impossible de deviner la chose tant elle est incongrue, originalement imaginée, surprenante. Le cadre est réaliste ce qui n'empêche pas de mettre en scène un personnage hors du commun et assez spécial dira-t-on. L'auteur nous fait découvrir d'autres auteur plus ou moins connus qu'il a lui aussi rencontrés dans l'ouvre d'un autre auteur, ce qui est assez intéressant. La construction de l'une ou l'autre nouvelle peut surprendre puisqu'aucune cohérence au sein de la nouvelle-même n'apparaît de manière évidente. Les jeux de mots sont assez recherchés comme c'est le cas de la "peau d'orange" de la femme dans la première nouvelle. Que l'effet soit de faire rire ou d'effrayer, on prend plaisir à se balader au fil des pages, dans un monde plein de mystères, sans oublier que derrière ces nouvelles se cache toujours une petite morale, un petit conseil...

Merci aux éditions Points. J'ai été agréablement surprise !

lundi 13 décembre 2010

Séparable de Corine Blue-Bosselet [Editions JBZ&Cie] Partenariat avec Livraddict

Couverture colorée et « sucrée », qui donne bien envie, une histoire d’amour… beaucoup moins rose qu’il n’y paraît.
Au premier chapitre, le lecteur a du mal à comprendre la situation. Une mort ? Une rupture ? Peu à peu les choses s’éclairent dans notre esprit, au fur et à mesure qu’elles s’assombrissent dans l’histoire. Un meurtre ? Alors que l’on croyait avoir affaire à un simple chagrin d’amour avec toutes les larmes qui l’accompagnent, on découvre, ébahi, une toute autre situation. L’attachement et la jalousie sont tels que le meurtre était inévitable pour pouvoir subsister. Une horde de sentiments s’enchainent et prennent le lecteur aux tripes. L’amour, mais encore, de manière plus forte et puissante, la haine, emportent le personnage principal, qui tente de s’en libérer. L’ironie tend vers le cynisme à plus d’une reprise, jusqu’à pousser le lecteur à ressentir un profond dégoût à la vue de l’horreur dont il est témoin c’est pourquoi il est impossible qu’il ne se sente pas impliqué, voire responsable de ce qui se passe, en cautionnant implicitement puisqu’il ne peut agir, réagir. Les descriptions, détaillées à souhait, influencent nos représentations mentales de ces scènes de tortures, révélatrices de tout ce qu’éprouve la protagoniste. Chaque geste détient une réelle signification et les associations membres/sentiment, sens, trait de caractère ; sont très pertinentes et cohérentes. J’en ai beaucoup appris sur moi-même et réussi, parfois, à mettre un mot ou des images sur ce qu’il m’est arrivé de ressentir. Le vocabulaire est courant voire soutenu, les phrases plutôt complexes ce qui peut être assez déroutant. Les phrases en italique, paroles de la narratrice au mutilé (voire l’inverse parfois selon notre point de vue) semblent à la fois réalistes et touchantes mais également ironiques et empreintes de haine. L’incompréhension qui régnait dans les pensées de cette femme s’efface pour laisser place à la vengeance, qui témoigne d’un amour passé et de sentiments forts. La condamnation de l’être aimé, qui fait souffrir celle qui est « à ses pieds » est un moyen que cette dernière se donne afin d’éteindre la passion et la rage qui l’habitent. Certains mots sont crus, peuvent choquer, ou contrastent simplement comme les onomatopées ou la longueur des phrases qui varient pour donner plus d’effets et de mouvement au texte. L’auteur se sert de jeux de mots pour que la femme se libère de ses maux…, digère, grâce à un rituel des plus terrifiant, ces années de mensonge qui ne la menèrent à rien, si ce n’est au désespoir. 

Ne dit-on pas que, chez les femmes, la raison est dans le cœur ? 

Un grand merci aux éditions JBZ&Cie