Stats'

lundi 29 novembre 2010

"Le Chien boomerang" de Henry Cueco (Editions "JBZ&Co") Partenariat avec http://www.livraddict.com

La couverture est colorée, originale, attrayante et suggestive.  
Le livre se compose de courtes phrases comprenant des accumulations de divers mots se succédant et suggérant des images, un passé, un présent. On découvre ce chien errant et on le suit dans sa vie, son évolution pour enfin découvrir celle, la mère, qui sera sa maîtresse. Disons plutôt qu'ils sont confidents. Un chien, libre, en marge de la société et différent de tous les autres chiens, et pourtant si proche d'une humaine. Le livre est écrit dans un bon français, le langage y est soutenu dans les descriptions, plus familier dans les dialogues,  que ce soit entre des humains ou entre la maîtresse et son chien. Il retranscrit d'ailleurs très bien le milieu de vie dans lequel se situent l'intrigue et les personnages. Beaucoup de sensibilité se dégage. L'animal semble réellement comprendre et communiquer avec la mère. Tous deux se font part de leurs états d'âme avec une réelle simplicité, assez touchante. On peut voir dans certaine phrase l'apparition de l'auteur ex. p.28, entre les parenthèses "(tiens, ça rime)", "(ça rime vraiment)". Pourtant, ces réflexions reviennent hors parenthèses, et apparaissent directement dans la bouche du personnage qui s'exprime "- Ca rime.". L'auteur introduit dans son discours un brouillage des voix qui peut perturber le lecteur. L'auteur, qui prend sans doute également la place du narrateur principal (c'est-à-dire hors des dialogues) retranscrit sa probable vie de manière précise, pertinente et personnelle. Il s'exprime d'ailleurs à la première personne et indique ses liens familiaux. Il en vient même à poser des questions rhétoriques pour ensuite y répondre lui-même afin d'interroger et d'impliquer le lecteur dans l'histoire, ce qui n'est pas déplaisant. Dans un certain dialogue entre la mère et le chien, il attribue à "Boomerang" la réplique "- Merci" ce qui met un peu d'humour et d'ironie dans la lecture. La mère répond d'ailleurs, "Tu parles à présent ?", sans en être plus interloquée. Ces dialogues sont donc légers en apparence puisque le ton y est plutôt badin, cependant, si on creuse un peu plus, les réflexions y sont plus profondes, notamment quant au statut de l'animal, ses capacités, voire la possibilité qu'il ait une conscience. On fait connaissance, à travers ce chien, finalement attachant, de toute une famille qui le considère comme une personne à part entière, un père. On découvre également un village, son train-train quotidien... La mort du chien laissera la famille sans voix, en proie au désespoir et au cauchemar, comme quoi un animal peut apporter bien plus qu'un simple "ouaf ouaf", outre les problèmes qu'il peut causer. Le chien, marginal, commença par adopter cette famille pour qu'enfin elle s'y attache elle aussi. Les relations entre hommes et animal sont fortes malgré les plaintes du village et l'amour du chien envers sa famille toujours plus fort, il ne l'aura jamais trahi. C'est une belle histoire, émouvante, pleine de simplicité et de messages.


On trouve dans cet ouvrage deux autres histoires.

"Sa majesté Caramel" met en scène la vie d'un chat cette fois-ci. On a toujours l'impression que l'auteur, à travers le narrateur, nous raconte son passé. Le contexte est un peu déroutant, il est difficile tout d'abord de se familiariser avec les lieux, nouveaux, et le cadre.  La vie de Caramel est interprétée par l'auteur, mais de telle manière qu'on pourrait croire qu'il l'a vécue ou que le chat lui aurait contée.  L'auteur émet des hypothèses quant au passé de Caramel, fait de beaux rapprochements avec l'Égypte en filant la métaphore. Peu à peu, le lecteur peut faire corps avec le chat, c'est à dire qu'il pourrait presque appréhender ses actions, réactions, ressentis. On y découvre d'ailleurs des odeurs, sensations, sentiments et habitudes de chat mâle. Bien qu'à moitié sauvage, la souffrance le contraint à se rapprocher de son "maître". Tel un humain malade, il ne supporte pas d'être assisté mais n'a pas le choix. Alors qu'on lui apprend qu'il devra se faire euthanasier, il disparaît, un beau jour qu'il profitait du soleil. Sa présence, elle, continuera à hanter les lieux. On peut y interpréter la possibilité d'un sixième sens chez l'animal, d'une part puisqu'il sentit la mort approcher, d'autre part car il continua à veiller sur sa famille, et peut-être à communiquer avec. On imagine l'auteur enfant, dans un cadre paisible, une maison entourée de verdure. Le discours y est soutenu et précis lorsqu'on s'intéresse à la vie de Caramel. Rien n'est laissé au hasard, tout est rapporté de manière fidèle. On s'attache à cette petite boule de poils autant que l'auteur qui reste sans voix face à sa soudaine disparition, qui restera inexpliquée. 

Dans les deux histoires précédentes, j'ai beaucoup aimé le rapport entre homme et animal, ainsi que les interventions du vétérinaire, qui apparaît comme la personne capable d'abréger les souffrances, certes par la mort, mais avant tout pour le bien de l'animal. Peu de gens comprennent la possibilité de se décider en faveur d'une euthanasie. Appliquer cette méthode à l'être humain ouvre sur un débat infini, bien discutable, auquel je ne m'attaquerai pas, là n'étant pas mon devoir.


"Ne prends pas tes chaussettes de laine, il y a un changement de train au retour". Troisième nouvelle, étonnante rien que par son titre absurde et vide de sens au premier abord. On y décèle aucune cohérence ni logique, tout comme l'auteur d'ailleurs qui se voit adresser cette phrase par sa mère. Suit alors sa réflexion à propos de ce conseil, s'il peut être considéré comme tel. Par des associations d'idées, il tente de lui donner un sens, de raisonner comme un philosophe pour trouver ce qui se cache derrière cette injonction. Essayer d'éclairer l'incompris. Narrateur et lecteur se placent tous deux dans la même situation de mal-être, d'incompréhension. En quête de la solution, on émet des hypothèses au rythme de l'auteur qui ouvre de nombreuses portes quant à la signification de cette phrase. Finalement, elle aura marqué son destinataire à vie et une part de mystère sera conservée, ce qui donne tout son charme à cette courte histoire, presque ironique. 


Note : 15,5/20

Et un grand MERCI aux Editions JBZ&Co pour ce livre qui m'a beaucoup plu et touché. C'est une belle découverte.

dimanche 14 novembre 2010

"Fragment" de Warren Fahy (Editions "J'ai Lu") Partenariat avec http://www.blog-o-book.com/

Env. 510 pages.

La couverture donne déjà très envie, un peu mystérieux, un peu science-fiction. L'introduction m'a totalement séduite, moi qui aime le scientifique et tout ce qui touche à l'environnement, la nature, l'évolution... Elle se base sur des faits réels qui ont eu lieu au cours du temps, à des périodes et des lieux parfois très éloignées, et pourtant, tout semble se répéter. Cette introduction permet au lecteur d'arriver au vif du sujet en ne comprenant pas de suite le lien avec l'histoire. Au fur et à mesure de la lecture, on peut mieux cerner les enjeux qui sont également les nôtres puisque ce sont des témoignages et études menées par des scientifiques. Nous gardons dès lors un pied dans le monde réel.

Le premier chapitre résume la découverte de de l'île de Henders, au XVIIIe siècle. D'étranges évènements se produisent mais le lecteur n'en sait pas plus et reste sur sa fin. Personne ne cherche plus à savoir qui est cette mystérieuse créature qui est soudainement apparue. A cette époque, mieux vaut ne pas chercher le diable. Les hommes écoutent la parole de Dieu et se détournent de cette île afin de ne pas causer leur propre mort. Ils préfèrent contourner la difficulté, nier la réalité en suivant leur conscience plutôt que leur raison.

Un peu plus de deux siècles plus tard, les mentalités des sociétés ont évolué. Des scientifiques se retrouvent  sur un bateau, filmés dans leurs aventures et recherches, dans le cadre d'une émission de téléréalité. La "chance" tourne pour eux. La peur que l'on pouvait sentir chez les navigateurs de 1791 s'est transformée en une sorte d'adrénaline chez ces chercheurs contemporains. Le lecteur suit les personnages de minutes en minutes et au fil des jours. Petit à petit, on découvre et cerne mieux chaque personnage, son caractère, ses motivations et envies, ses craintes, dans un portrait physique, moral ou en acte, bien que le lecteur puisse avoir du mal à s'y retrouver, les personnages étant nombreux et présentés l'un après l'autre.

 Le vocabulaire est souvent assez spécialisé, qu'il se rattache au monde de la télévision et de la production, de la navigation ou des sciences, l'escalade, la génétique, les théories de l'évolution... Certains mots peuvent être un peu difficiles à comprendre mais les passages sont bien explicités. Ces discours relevés contrastes beaucoup avec le langage familier et les très courtes phrases de certains personnages. Pas de réel équilibre, ce qui est un peu déstabilisant.

Scènes de sciences-fictions où l'on découvre d'étranges et affreuses créatures sanguinaires mêlent action et description avec brio et alternent avec des passages plus posés concernant les sciences (biologie, génétique, chimie...). Les sujets traités sont d'actualité ce qui m'a permis de me sentir concernée par les discussions des personnages. Le lecteur assiste à des conférences, des débats (sur lesquels il peut avoir ses propres opinions), des dissections (!!).

Je pense déceler une petite faute de frappe au bas de la page 110, chapitre 3 septembre, 14h30 : "Du jour au lendemain ou presque, une l'île flottante abritant treize mille militaires [...]"

p. 376 "Copecod" alors que le nom du chien est Copepod.

Les paysages décrits, hauts en couleurs, les créatures extraterrestres que l'on a un peu de mal à visualiser, certes, me font penser à l'univers du film Avatar. Quelque chose de magique et de mystérieux.

Le lecteur vit avec les personnages, ressent leurs craintes et inquiétudes. Le rythme qui s'accélère et la tension qui s'accentue touche le lecteur, la mort aux trousses. Ne pas se retourner, courir, la vie est trop précieuse, la mort est si proche. Les personnages ne peuvent se laisser submerger par la pitié, la culpabilité, le remord ou le regret.

Les points de vue alternent pour voir les choses sous un angle différent. La victime qui tente d'échapper à son destin, le spectateur qui ne peut rien faire sinon espérer, prier. Beaucoup de rebondissements quant à l'épisode dans la machine-robot.

Des petites ambigüités amoureuses à la fin du livre, bien à l'américaine, je ne sais pas s'il était nécessaire de créer des couples à ce moment de l'histoire mais vu les événements qu'ils ont vécu, riches en émotions, on peut leur accorder un peu de douceur.
Pas de réelle fin cependant. L'île est détruite, on ne sait pas ce qu'il advient ensuite des henderopodes...

Les dialogues entre les scientifiques antagonistes (dans l'avion par exemple) me parlent peu et me paressent un peu ennuyeux.

Une belle morale tout de même, l'espèce humaine détruit son environnement, certes, mais elle s'autodétruit également. Respectons la planète, protégeons-là, protégeons-nous.

Seul un univers qui s'est développé sans intervention de l'homme pourrait être capable de lutter contre ce dernier. La science-fiction apparaît comme la possibilité d'avoir un regard nouveau sur notre monde, d'envisager d'autres possibilités, même si elles ne sont pour l'heure que fictives.

J'ai tout de même apprécié ce livre.

Note : 13,5 / 20

Un grand Merci aux Editions J'ai Lu pour ce partenariat. Ce livre m'a beaucoup appris dans le domaine du scientifique et m'a permis de m'évader dans un autre monde, proche de l'imaginaire...