Env. 510 pages.
La couverture donne déjà très envie, un peu mystérieux, un peu science-fiction. L'introduction m'a totalement séduite, moi qui aime le scientifique et tout ce qui touche à l'environnement, la nature, l'évolution... Elle se base sur des faits réels qui ont eu lieu au cours du temps, à des périodes et des lieux parfois très éloignées, et pourtant, tout semble se répéter. Cette introduction permet au lecteur d'arriver au vif du sujet en ne comprenant pas de suite le lien avec l'histoire. Au fur et à mesure de la lecture, on peut mieux cerner les enjeux qui sont également les nôtres puisque ce sont des témoignages et études menées par des scientifiques. Nous gardons dès lors un pied dans le monde réel.
Le premier chapitre résume la découverte de de l'île de Henders, au XVIIIe siècle. D'étranges évènements se produisent mais le lecteur n'en sait pas plus et reste sur sa fin. Personne ne cherche plus à savoir qui est cette mystérieuse créature qui est soudainement apparue. A cette époque, mieux vaut ne pas chercher le diable. Les hommes écoutent la parole de Dieu et se détournent de cette île afin de ne pas causer leur propre mort. Ils préfèrent contourner la difficulté, nier la réalité en suivant leur conscience plutôt que leur raison.
Un peu plus de deux siècles plus tard, les mentalités des sociétés ont évolué. Des scientifiques se retrouvent sur un bateau, filmés dans leurs aventures et recherches, dans le cadre d'une émission de téléréalité. La "chance" tourne pour eux. La peur que l'on pouvait sentir chez les navigateurs de 1791 s'est transformée en une sorte d'adrénaline chez ces chercheurs contemporains. Le lecteur suit les personnages de minutes en minutes et au fil des jours. Petit à petit, on découvre et cerne mieux chaque personnage, son caractère, ses motivations et envies, ses craintes, dans un portrait physique, moral ou en acte, bien que le lecteur puisse avoir du mal à s'y retrouver, les personnages étant nombreux et présentés l'un après l'autre.
Le vocabulaire est souvent assez spécialisé, qu'il se rattache au monde de la télévision et de la production, de la navigation ou des sciences, l'escalade, la génétique, les théories de l'évolution... Certains mots peuvent être un peu difficiles à comprendre mais les passages sont bien explicités. Ces discours relevés contrastes beaucoup avec le langage familier et les très courtes phrases de certains personnages. Pas de réel équilibre, ce qui est un peu déstabilisant.
Scènes de sciences-fictions où l'on découvre d'étranges et affreuses créatures sanguinaires mêlent action et description avec brio et alternent avec des passages plus posés concernant les sciences (biologie, génétique, chimie...). Les sujets traités sont d'actualité ce qui m'a permis de me sentir concernée par les discussions des personnages. Le lecteur assiste à des conférences, des débats (sur lesquels il peut avoir ses propres opinions), des dissections (!!).
Je pense déceler une petite faute de frappe au bas de la page 110, chapitre 3 septembre, 14h30 : "Du jour au lendemain ou presque, une l'île flottante abritant treize mille militaires [...]"
p. 376 "Copecod" alors que le nom du chien est Copepod.
Les paysages décrits, hauts en couleurs, les créatures extraterrestres que l'on a un peu de mal à visualiser, certes, me font penser à l'univers du film Avatar. Quelque chose de magique et de mystérieux.
Le lecteur vit avec les personnages, ressent leurs craintes et inquiétudes. Le rythme qui s'accélère et la tension qui s'accentue touche le lecteur, la mort aux trousses. Ne pas se retourner, courir, la vie est trop précieuse, la mort est si proche. Les personnages ne peuvent se laisser submerger par la pitié, la culpabilité, le remord ou le regret.
Les points de vue alternent pour voir les choses sous un angle différent. La victime qui tente d'échapper à son destin, le spectateur qui ne peut rien faire sinon espérer, prier. Beaucoup de rebondissements quant à l'épisode dans la machine-robot.
Des petites ambigüités amoureuses à la fin du livre, bien à l'américaine, je ne sais pas s'il était nécessaire de créer des couples à ce moment de l'histoire mais vu les événements qu'ils ont vécu, riches en émotions, on peut leur accorder un peu de douceur.
Pas de réelle fin cependant. L'île est détruite, on ne sait pas ce qu'il advient ensuite des henderopodes...
Les dialogues entre les scientifiques antagonistes (dans l'avion par exemple) me parlent peu et me paressent un peu ennuyeux.
Une belle morale tout de même, l'espèce humaine détruit son environnement, certes, mais elle s'autodétruit également. Respectons la planète, protégeons-là, protégeons-nous.
Seul un univers qui s'est développé sans intervention de l'homme pourrait être capable de lutter contre ce dernier. La science-fiction apparaît comme la possibilité d'avoir un regard nouveau sur notre monde, d'envisager d'autres possibilités, même si elles ne sont pour l'heure que fictives.
J'ai tout de même apprécié ce livre.
Note : 13,5 / 20
Un grand Merci aux Editions J'ai Lu pour ce partenariat. Ce livre m'a beaucoup appris dans le domaine du scientifique et m'a permis de m'évader dans un autre monde, proche de l'imaginaire...